« Centre d'art ». La première chose que l’on
s’imagine, ce sont des peintures dans des cadres dorés ou des sculptures qui
trônent au milieu des salles.
Pourtant, en ce moment à la Panacée, à mi-chemin entre
l’art moderne et la science, rien de tout cela : « Dernières
nouvelles de l’Ether » est une exposition originale qui propose une
réflexion sur le monde d’aujourd’hui.
Le site rappelle que l’Ether est une substance
« primordiale et invisible » qui a joué un rôle majeur dans les
avancées scientifique du 19e et du 20e siècle. L’Ether devait « permettre la
propagation d’un ensemble d’ondes lumineuses, sonores et électromagnétiques ».
On distingue alors une dimension mystérieuse, mystique même.
Des artistes, dont certains grands noms (Marcel Duchamp
et John Cage notamment), se sont emparés de cette substance pour créer des
œuvres qui jouent sur nos sens, notamment sur l’ouïe : au tournant que
vivait l’art début 20e siècle, comment ignorer l’Ether et les théories
électromagnétiques qui s’en suivirent ? De même, lors de l’invention de la
cybernétique, ces idées restaient importantes. C’est peut-être pour cette raison qu’aujourd’hui,
dans notre ère du « tout numérique », cela nous semble d’actualité. Les
ondes sont partout, qu’elles proviennent de la radio, des antennes ou encore de
nos Smartphones. Nous vivons de plus en plus dans l’invisible, y compris en ce
qui concerne le lien social. L’invisible semble alors s’emparer du visible.
Comment l’art peut-il s’approprier de cette réalité, et
mettre en relief le mystère, la fascination ou la paranoïa liée aux
ondes ?
De salle en salle, on découvre dans cette exposition des
œuvres aux âges différents, et pourtant ce point commun de la science
mystérieuse, de la présence invisible, des lumières qui clignotent, des bruits
qui grésillent demeure….
L'Ellipse, Dominique Blais. |
Cet exemple est selon moi représentatif de toute
l’exposition : le spectateur est mis face à des objets qu’il identifie
comme scientifiques, ou du moins non-artistiques (à première vue). Il s’imagine
alors qu’est ce que cela représente, qu’est ce qu’il voit vraiment, qu’est ce
qu’il entend. Et souvent, lorsqu’il lit la petite explication de l’œuvre, cela
s’avère assez différent (qui aurait deviné, pour L’Ellipse par exemple, qu’il s’agissait de bruits du cercle
polaire ?). Le spectateur prend conscience des préjugés scientifiques qui
influencent son regard, alors que le mystique Ether peut amener à voir bien plus
grand.
Exposition jusqu’au 22 juin 2014 à La
Panacée, centre de culture
contemporaine à Montpellier (14, rue de l’école de pharmacie).
Vous pouvez même
aller déguster des tapas et boire un verre après l’exposition, le temps de
réfléchir à la condition humaine moderne face à la toute puissance du
numérique, ou juste pour discuter entre copains.
Crédits photo : La Panacée
Rédigé par Iris.
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