vendredi 13 juin 2014

Quand la science devient un art : « dernières nouvelles de l’Ether » à la Panacée

Dernières nouvelles de l'Éther 

« Centre d'art ». La première chose que l’on s’imagine, ce sont des peintures dans des cadres dorés ou des sculptures qui trônent au milieu des salles.
Pourtant, en ce moment à la Panacée, à mi-chemin entre l’art moderne et la science, rien de tout cela : « Dernières nouvelles de l’Ether » est une exposition originale qui propose une réflexion sur le monde d’aujourd’hui.
Le site rappelle que l’Ether est une substance « primordiale et invisible » qui a joué un rôle majeur dans les avancées scientifique du 19e et du 20e siècle. L’Ether devait « permettre la propagation d’un ensemble d’ondes lumineuses, sonores et électromagnétiques ». On distingue alors une dimension mystérieuse, mystique même.
Des artistes, dont certains grands noms (Marcel Duchamp et John Cage notamment), se sont emparés de cette substance pour créer des œuvres qui jouent sur nos sens, notamment sur l’ouïe : au tournant que vivait l’art début 20e siècle, comment ignorer l’Ether et les théories électromagnétiques qui s’en suivirent ? De même, lors de l’invention de la cybernétique, ces idées restaient importantes. C’est  peut-être pour cette raison qu’aujourd’hui, dans notre ère du « tout numérique », cela nous semble d’actualité. Les ondes sont partout, qu’elles proviennent de la radio, des antennes ou encore de nos Smartphones. Nous vivons de plus en plus dans l’invisible, y compris en ce qui concerne le lien social. L’invisible semble alors s’emparer du visible.

Comment l’art peut-il s’approprier de cette réalité, et mettre en relief le mystère, la fascination ou la paranoïa liée aux ondes ?

De salle en salle, on découvre dans cette exposition des œuvres aux âges différents, et pourtant ce point commun de la science mystérieuse, de la présence invisible, des lumières qui clignotent, des bruits qui grésillent demeure….


L'Ellipse
L'Ellipse, Dominique Blais.

 L’œuvre qui m’a le plus marqué est peut-être L’Ellipse, de Dominique Blais. Seize micros, sur leur  pied, sont disposés en cercle, tournés vers le spectateur comme pour inviter ce dernier à s’exprimer. Un bruit étrange, une sorte de crépitement se transmet de micro en micro. Mais cela n’est pas dû à des ondes qui seraient causées par la proximité des micros, non, il s’agit de bruits enregistrés dans le cercle polaire qui sont à l’origine des aurores boréales ! Ainsi, à travers l’invisible, ou du moins un médium auquel on ne s’attend pas, l’artiste ouvre une porte sur un monde trop peu connu, et l’imagination fait le reste.



Cet exemple est selon moi représentatif de toute l’exposition : le spectateur est mis face à des objets qu’il identifie comme scientifiques, ou du moins non-artistiques (à première vue). Il s’imagine alors qu’est ce que cela représente, qu’est ce qu’il voit vraiment, qu’est ce qu’il entend. Et souvent, lorsqu’il lit la petite explication de l’œuvre, cela s’avère assez différent (qui aurait deviné, pour L’Ellipse par exemple, qu’il s’agissait de bruits du cercle polaire ?). Le spectateur prend conscience des préjugés scientifiques qui influencent son regard, alors que le mystique Ether peut amener à voir bien plus grand.


Exposition jusqu’au 22 juin 2014 à La Panacée, centre de culture contemporaine à Montpellier (14, rue de l’école de pharmacie).
Vous pouvez même aller déguster des tapas et boire un verre après l’exposition, le temps de réfléchir à la condition humaine moderne face à la toute puissance du numérique, ou juste pour discuter entre copains.



Crédits photo : La Panacée

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Rédigé par Iris.

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