samedi 21 juin 2014

Nelson Goodman : "Quand y a-t-il de l'art ?"

Carrés avec cercles concentriques, Wassily Kandinsky.

Selon moi, la philosophie de l'art est importante lorsque l'on cherche à comprendre ce dernier. Allez, avouez... qui n'a jamais dit/entendu quelqu'un dire, en face d'une oeuvre contemporaine : "Pff, je pourrais faire exactement la même chose" ?
Il est vrai que l'art contemporain n'est pas facile d'accès. Mais il suffit peut-être de lire, de réfléchir à ce sujet pour changer la perception que l'on a de cela et enfin l'apprécier.


Le philosophe Nelson Goodman, dans Manières de faire des mondes, s'intéresse à la définition de l'art.
Il pose les bases immédiatement : se demander "quels objets sont œuvres d'art ?" est une fausse question, ce qui est important est de comprendre QUAND y a-t-il de l'art.

Par exemple, si (à l'image de Duchamp et sa roue de bicyclette) une pierre ramassée sur la route est mise dans un musée, devient-elle une oeuvre d'art ? Et qu'en est-il des choses qui ne sont ni objets ni montrées dans un musée (ce que l'on appelle happening, un "événement" artistique éphémère) ?
Selon Goodman, un objet peut être un symbole dans une période donnée : il en va de même pour l'objet comme oeuvre d'art. Il devient art si c'est un symbole.
Reprenons l'exemple de la pierre : sur la route, elle ne peut pas être art puisqu'elle n'a pas de fonction symbolique. Mais au musée, ses propriétés (forme, couleur...) sont exemplifiées. On regarde la pierre avec un oeil différent.
De même pour les happenings : ils sont œuvres car toute notre attention porte sur un événement comme symbole exemplifiant.
Un tableau de maître ne sera plus oeuvre d'art s'il sert à boucher un trou ou à abriter quelqu'un par exemple.

Cependant, fonctionner comme un symbole ne signifie pas forcément fonctionner comme une oeuvre d'art.
Si la pierre est exposée dans un musée géologique, elle sera un échantillon d'une période, d'une origine, et bien d'autres choses, mais elle ne sera pas oeuvre d'art.

Roue de bicyclette, Marcel Duchamp.

Prenons maintenant pour exemple l'oeuvre ci-contre : certains s'insurgeront de la "facilité" de réaliser une telle chose (d'ailleurs appelée ready-made), qui n'est absolument pas artistique.
Hé bien premièrement, l'art n'a pas pour vocation d'être "difficile". Les théories kantiennes du génie de l'artiste me semblent un peu dépassées. L'art doit pouvoir dégager une émotion (fut-elle le scepticisme), et rassembler les hommes.
En appliquant les idées de Goodman à l'oeuvre de Duchamp, on peut constater que la roue est ici mise en valeur, justement parce qu'elle est détachée de l'ensemble auquel elle appartient habituellement (la bicyclette). Elle est donc un symbole exemplifié, mise en valeur pour elle-même, pour la technique qu'elle suppose.

Je suis d'accord, on n'est pas obligé de s'émerveiller devant cette roue, mais on peut au moins comprendre pourquoi.




Si vous avez envie d'en savoir plus à ce sujet, je vous conseille le moins philosophique mais excellent Qu'est-ce que l'art moderne ? de Denys Riout. Pas besoin d'être initié à l'histoire de l'art pour comprendre et dévorer ce livre, et vous ressortirez avec une idée bien plus claire qu'avant de l'art moderne.




Rédigé par Iris.

2 commentaires:

  1. Merci beaucoup, tout ce qui est dit est clair et m'a permis de comprendre une chose que je n'avais pas fais attention pour ma dissertation de philosophie. ^^
    (la différence du symbole par rapport à une époque et par rapport l'objet en lui même (désolé si c'est mal dit ^^'))

    RépondreSupprimer
  2. Comment comprendre le terme « fonction symbolique »?

    RépondreSupprimer